Ça fait un moment que la question de l’image de la femme dans notre société ricoche sur cette question : et quelle est celle des hommes finalement ? Quand je dis image, je veux dire ce cliché vers lequel sans nous en rendre compte la plupart d’entre nous sommes allés. Celui auquel nous nous sommes conformés. Cette norme qui de façon inconsciente, nous dictait ses exigences.
La compassion humaine a tendance à se diriger naturellement vers le plus faible, alors pour une fois, j’ai envie d’écrire à celui qui est vu comme le plus fort, en tentant de me mettre à sa place.
Et si je le fais c’est parce que je ressens que c’est un chemin indispensable pour faire évoluer une bonne fois pour toutes, la condition des hommes ET des femmes ; ou plutôt la condition des humains.
J’ai été touchée récemment par le témoignage d’un des vôtres : Arnaud. En prenant le temps de répondre à une interview pour contribuer à mon projet, Arnaud m’a partagé un bout de son histoire. Or ton histoire, Arnaud, confirme mon hypothèse, et elle n’est pas la seule :
Sur ton chemin, tu as vécu un Burn Out sévère : de ceux qui font que tu ne peux plus rien faire ni rien comprendre. 6 mois juste pour sortir du brouillard, avant plusieurs années de reconstruction ensuite. Pourtant aujourd’hui, tu considères que c’est une chance.
Pour continuer à avancer, tu as eu besoin de comprendre ce qui t’était arrivé, et tu t’es surtout demandé ce que tu avais envie de vivre à partir de maintenant. Chemin faisant, tu as découvert des outils précieux tels que la CNV (communication non violente) avec le livre « les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs » de Marshall B. Rosenberg. Tu as senti que tu avais besoin de le lire et de le relire pour t’en imprégner. Et pour cause : tu m’as dit y avoir découvert un nouveau langage « celui des émotions et des sentiments ».
Je suis touchée sur tu ais partagé avec moi ce moment : tu es allé seul au cinéma pour t’entrainer à apprendre à pleurer.
Je te remercie d’avoir illustré ce qui me touche dans la construction des hommes : cette injonction à être « un homme, un vrai » qui ne pleure pas, ne flanche jamais, et qui se met ainsi à distance de son cœur.
Un de mes amis, qui pourtant à mes yeux est tout sauf un cliché de masculinité m’a avoué ceci : « en tant qu’homme, je me vis comme un pilier qui n’a pas le droit de flancher. Alors quand tu me poses des questions qui nécessitent que j’aille explorer des endroits inconnus en moi et bien je me sauve, car j’ai l’impression que ça pourrait me faire vaciller et que je ne serai plus un pilier. »
Cette stratégie risque de devenir de plus en plus compliquée à vivre dans un monde qui bouge si vite.
Si l’on envisage la vie des hommes et des femmes selon les critères de réussite de la société dans laquelle j’ai grandi, effectivement nous, les femmes, nous sommes faits arnaquer. Je suis consciente que dans beaucoup trop de familles, les femmes subissent des violences, en France et dans beaucoup de pays du monde et je comprends que beaucoup de personnes soient scandalisées et puissent en vouloir aux hommes pour cela.
Pourtant les généralités sont à mes yeux toujours dangereuses. Certains hommes eux-mêmes sont maltraités et beaucoup d’autres sont profondément humains et respectueux de leurs femmes, proches de leurs enfants.
Alors personnellement, le principal message que j’aimerais vous adresser est celui-ci, que vous soyez homme, ou femme : si vous vous en êtes éloignés, retrouvez le chemin de votre cœur et n’ayez surtout pas peur d’être vulnérables, juste à côté de votre force.
« Un homme qui pleure n’a pas à avoir honte, contrairement à un homme qui fait pleurer ».
La seule et unique question que nous devrions nous poser est la suivante : comment je peux me libérer un peu plus chaque jour des carcans de cette société pour être un peu plus moi-même.
Et je suis sûre que sur cette route, nous nous retrouverons sans clivage. Et si nous ne me croyez pas, je vous invite à voir le film et documentaire « Make me a man » : témoignage d’hommes qui ont osé ce chemin. Ce film commence avec ces mots de la réalisatrice : « j’avais déjà vécu des espaces entre femmes, et j’avais hâte de découvrir ce qui se passait « de l’autre côté ». Et ce que j’ai découvert, c’est qu’il n’y avait pas d’autre côté. »
A très bientôt sur cette jolie route qui donne Vie à notre humanité.