Si vous préférez écouter l’épisode : c’est par ici !
La première petite voix qui me vient au sujet de cet épisode c’est : bon celui-là il est juste pour toi, juste pour explorer ce sujet de l’intérieur mais tu ne vas quand même pas le publier !
Eh bien voilà, tout est dit : avant même de poser des mots sur le fait de vivre ma puissance j’ai déjà cette petite voix en moi qui me limite et qui s’exprime.
Alors pourquoi c’est grave de dire que je suis puissante ? et qu’est ce que je veux dire par le fait d’être puissante ? A mes yeux il y a des millions de merveilleuses manières d’être puissante ; et toutes sont formidables si elles partent de qui on est vraiment.
Et quand je dis puissante c’est parce que je suis une femme et puissant marche aussi ;
J’ai participé à des ateliers sur le thème de la femme puissante ; et au-delà des belles rencontres, ce qui en est ressorti était extrêmement intéressant. Les avis et visions étaient tranchées et parfois opposées ; par exemple pour certaines, la version masculine du mot puissant pouvait mettre mal à l’aise et renvoyer à un chemin dur et froid, alors que dans sa version féminine, puissante, était vécu comme précieux et admiré ;
Cela parlerait-il d’une énergie masculine et féminine pour vivre sa puissance ?
En effet, certaines femmes peuvent se vivre puissante dans sa version dure et froide, alors qu’émerge de certains hommes une douce puissance inspirante. C’est ce qui me fait dire que plutôt que d’hommes et de femmes, cela parle avant tout d’une puissance libre de tout conditionnement, dans laquelle le féminin a aussi sa place ;
Je souhaite que nous puissions se réapproprier ce mot : être un homme ou une femme puissante dans le sens d’oser exprimer qui nous sommes et de vivre avec et à partir de ça ; ce n’est plus une puissance qui se mesure sur le territoire conquis au détriment des autres, c’est une puissance qui rayonne à côté de celle des autres pour en créer de plus grandes encore lorsque nos puissances s’allient.
Pourquoi j’ai vécu cela comme une différence d’être une femme puissante ? Il y a plusieurs raisons à ça ;
Tout d’abord parce que l’intensité avec laquelle je vis les choses rend ma puissance visible ; et ce qui me fait peur dans cette puissance visible, c’est d’être comme une sorte de lumière qui projette des ombres derrière les personnes. Nous vivons dans un monde de comparaison qui font que lorsqu’une personne brille, très rapidement derrière, arrive le risque de se comparer, et de s’évaluer à travers les talents des autres, plutôt que par le prisme de nos propres talents, ce qui conduit ainsi à se dévaloriser. Ceci est quelque chose d’extrêmement douloureux pour moi, que j’ai pu vivre à différents moments de ma vie auprès de ma sœur, de ma mère et peut-être même de mon père pour d’autres raisons. Cette peur a fait que sans m’en rendre compte, pendant plus de 40 ans je n’ai pas eu accès à une bonne partie de cette puissance ;
Alors aujourd’hui je l’affirme : je ne veux plus de ça. Chaque jour j’accompagne des personnes vers leur propre épanouissement et la première personne à qui je souhaite offrir cela aussi : c’est moi ; le cordonnier le plus mal chaussé n’est pas la seule voie possible 😉
Il y a peut-être autre chose aussi :
Ce qui me fait hésiter à le publier est aussi lié à la culture française : j’ai été marquée par ce moment vécu avec un de mes voisins de bureau, un jeune homme que j’appréciais beaucoup ;
Il commence à me parler de sa vie et il me dit : tu vois moi, je suis hyper bon au golf et grâce à ça, comme j’ai fait mes études aux Etats-Unis, et bien ils m’ont payé une super université et du coup je suis diplômé d’une des meilleures universités aux Etats Unis ;
Bref, il n’avait pas fini sa phrase que dans ma tête je me disais : « non mais comme il se la joue celui- là : pour qui il se prend ? »
Et puis j’ai réalisé un truc : c’est que même s’il me parlait sans accent car il avait vécu son enfance en France, il s’était construit en tant qu’ado et jeune adulte, aux Etats Unis ; or aux Etats Unis, on a le droit de dire qu’on est puissant, qu’on a fait des grandes choses. Et j’imagine que cela suscite de l’admiration et que cela invite les personnes à se dépasser aussi ;
Et je ne suis pas sûre qu’en France cela suscite les mêmes réactions…quelqu’un qui dit ce qu’il a fait quelque chose d’exceptionnel, ce n’est pas bien perçu. A la rigueur tu peux partager ce que tu as fait, et les autres peuvent te définir comme exceptionnel, mais surtout pas l’inverse ; cette humilité maladive commence à me sembler excessive. Et pourtant je me rends compte que la culture américaine me convient encore moins même si je la connais peu, car elle me donne l’impression de valoriser certaines formes de puissance plus que d’autres ; peut-être que cela bouge aussi. En tous cas je l’espère. Alors entre les excès de ces deux cultures, il y a certainement un bel intermédiaire à créer ;
Le pire pour moi comme je le partageais un peu plus tôt, c’est quand cela renvoie la personne à elle-même et qu’elle se compare alors que la vérité c’est que le chemin que je vis moi n’a rien à voir avec vous, même si on a peut-être deux ou trois trucs en commun. Et ce que vous vivez aujourd’hui ne vous définit pas.
Et si c’était moi qui me racontais cette histoire ; si c’était moi qui me disais qu’en m’écoutant dire que je suis puissante, vous risquez de vous dire que vous êtes nuls, ou vous risquez de me juger ?
Et si j’arrêtais ça ? La maintenant, tout de suite, j’arrête ; j’arrête de croire que ma puissance peut faire du mal aux autres, et je vois à quel point elle les nourrit, les fait grandir, les inspire, leur permet d’oser à leur tour et à leur façon. Car ma puissance parle avant tout de mon amour pour la Vie ;
« Ne bougez pas, je reparamètres mes cellules… »
Peut-être aussi que tout cela me renvoie au fait que dans mon cœur, profondément, et entièrement, tous les êtres humains ont la même valeur. Quand je marche dans la rue dans Paris, et que je vois quelqu’un qui dort dehors, je me sens à équivalence de cette personne dans ma condition et ma valeur d’être humain, et je suis touchée de voir que la personne n’a peut-être pas trouvé le chemin vers sa propre puissance. Ou peut-être même qu’elle l’a été à sa façon, et auprès de toutes les personnes qu’elle a croisées. Je ressens même que dans toutes ces personnes qui sont vues par certains comme le rebut de la société (ça me fait mal de prononcer ces mots), il y en a beaucoup qui ont refusé de se plier à des règles qui ne respectaient pas leurs valeurs, pour les troquer contre de l’argent et du pouvoir. Certaines de ces personnes sont allées au bout de ce que leur disait leur cœur, quitte à sacrifier leur vie ; et j’ai de l’admiration pour ça. Je croise beaucoup de regards bienveillants et même pétillants derrière ces visages souvent burinés ;
Alors j’aimerais qu’on soit bien d’accords sur la puissance dont je parle : je parle du potentiel de réalisation que chacun porte en lui, et qui parle de lui.
Je me lève chaque matin en me demandant comment je peux faire pour honorer un peu plus les cadeaux que la vie m’a fait car j’ai conscience et confiance dans le potentiel de transformation de l’être humain, surtout lorsqu’il va vers ce qui lui parle ;
Je suis une femme puissante et à mes yeux, vous êtes tous, potentiellement puissants à votre façon. Et c’est dans la complémentarité de nos différences que nous sommes parfaits tous ensemble.
Alors voici les deux questions qui me paraissent essentielles à ce sujet, tant pour chacun de nous que pour les enjeux du monde : votre puissance s’exprime-t-elle pleinement aujourd’hui et au service de quoi choisissez-vous de la vivre ?