Si vous préférez écouter l’épisode : c’est par ici !
Vivre mon Rantanplan
Pour que vous puissiez comprendre d’où vient ce titre improbable, il faut que je vous raconte ce qui m’est arrivé.
J’ai participé à un atelier récemment, organisé par une personne que j’apprécie beaucoup : Adrien Tardif, l’auteur du livre Ponsamaro qui sort en octobre 2022.
Voici ce qui s’est passé :
Lors de cet atelier, Adrien nous invite à laisser venir à nous le nom d’un personnage de fiction qui nous touche. Je suis ses précieuses consignes : de ne pas chercher le nom avec mon mental mais de le laisser venir à moi ; et là, qui pointe son nez ? Rantanplan
Pour le coup mon mental se met en marche en me disant : non mais Rantanplan, n’importe quoi ! Ce chien crétin ? Comment ça il me touche ? Vas-y trouve autre chose, trouve autre chose !
Vous connaissez Rantanplan : qu’est-ce qu’il a fait ? Il s’est agrippé à moi tant qu’il a pu et n’a pas voulu me lâcher. Donc ça a été Rantanplan ; et je me suis retrouvée à expliquer pendant 2 minutes pourquoi Rantanplan me touche ; et figurez-vous que je me suis surprise moi-même ;
Il me touche déjà parce qu’il me fait rire et que j’adore rire, dans ce monde bien trop sérieux pour moi ; il me touche aussi parce qu’il vit dans un monde où il n’en a rien à cirer des gens autour ; alors ok, lui on se dit que c’est parce qu’il est crétin et qu’il ne comprend rien mais je vous assure que pour toute la première partie de ma vie ça m’aurait fait des vacances incroyables de ne rien piger à ce que les autres se disent ; ou plutôt de ne rien imaginer de ce que les autres se disent à mon sujet.
Alors il avance avec tout son amour pour ces gens autour et il s’en fout complètement de ce qu’eux en pensent : et ça, ça m’inspire 😊
Et ce qui me parle aussi chez Rantanplan c’est qu’il a quand même un bon côté gaffeur qui m’a permis de réaliser que moi aussi, finalement. Même si c’est juste de temps en temps.
Je peux vous raconter la dernière de Rantanplan ? J’ai chanté un merveilleux joyeux anniversaire à un ami le 23 août … Alors qu’il est du mois de novembre… mon ami a trouvé ça super de fêter son anniversaire chaque jour de l’année 😉
Avant j’aurai été super gênée et grâce à Rantanplan ça m’a juste fait marrer 😉
Un autre jour, je me suis retrouvée à manger un sandwich fallafel assise sur un banc, avec pour une fois, une jolie robe rouge : j’avais tellement faim que ma part gourmande rêvait de croquer dans ce sandwich… plutôt que d’utiliser la fourchette à ma disposition… et ce qui devait arriver arriva : les boulettes de fallafel pleines de sauce ont roulé sur ma robe et j’ai fait 7 tâches à force de m’obstiner ; avec le recul je me rends compte que ça m’a amusé ces 7 tâches sur ma robe, tout comme de marcher dans Paris, avec ma robe ruinée. Juste parce que c’était improbable et aussi parce que je ressentais à quel point je n’en avais absolument rien à faire de ce que les personnes pouvaient penser. Et je vous assure que quand on a été élevée par une maman qui vient d’un village Suisse c’est un exploit 😊
Vivre mon Rantanplan c’est aussi oser vivre des choses improbables :
A cette époque je suis encore dans ma grande entreprise, je reviens du boulot à pied depuis la gare, et ça fait plusieurs jours que je me dis que j’aimerais bien nettoyer ma cour.
Et là je passe devant une maison, à quelques centaines de mètres de chez moi et je vois une personne qui nettoie sa voiture au Karcher. Et là je me dis : oh ce serait trop bien que je puisse lui louer à lui ; je pars avec et je lui rapporte avec un peu d’argent au passage. Mais je n’ose pas.
Je fais quelques pas et là une petite voix me dit : Prisca « Osez oser » ce tableau qui est accroché chez toi. Ce mot oser que tu ressens comme un élan intérieur, et ce couperet « oh non je n’ose pas » qui le gâche juste après ;
Oui pour moi, le mot oser se ressent grâce à son contraire : je n’ose pas.
Bref, je suis à quelques pas de la maison, et je décide d’oser, comme je me l’étais promis : « au pire il t’envoie balader et tu ne seras pas morte » ;
Donc je vais voir ce voisin que je ne connais pas et je lui dis : « bonjour excusez-moi, mais je vous vois avec votre Karcher et j’ai justement besoin de nettoyer ma cour alors plutôt que d’en louer un sur internet, est-ce que je peux vous le louer à vous ?
Il me regarde, un peu surpris au départ et il me dit : me le louer sûrement pas ! Mais je vous le prête si vous voulez ; alors je le remercie, et on se met d’accord sur une date pour dans quelques jours.
Je reviens comme prévu le jour dit :
J’arrive avec cette joie intérieure, en ressentant à quel point c’est bon de vivre dans un monde où ce monsieur qui ne me connait pas du tout, me fait confiance ; et il a raison parce que je vais lui ramener son matériel.
J’en profite pour vous glisser une petite stat au passage au sujet de la confiance : savez-vous que les entreprises qui osent le 100% confiance (le vrai et sincère avec la liberté d’agir qui va avec) témoignent de ce chiffre : c’est moins de 5% voir seulement 2% de personnes qui ne se montrent pas dignes de cette confiance. Et pourtant notre monde est organisé pour se protéger des 2 % et ainsi, à mes yeux, le fait croitre… bref
Donc je suis dans cette beauté là et, à ce moment-là, cette sensation est vraiment délicieuse.
Je sonne à la porte, et là ce n’est pas du tout le monsieur très sympathique de la dernière fois que je vois : c’est sa femme. Et je peux vous dire que je vois vite à son visage que ça ne va pas être la même chanson ;
Cette femme me regarde avec un air dur et me dit : « oui c’est pour quoi ? » alors qu’elle savait très bien pourquoi j’étais là.
Alors je lui réponds, plus tout à fait à l’aise à lui expliquer que je viens lui emprunter son matériel, alors que je ne la connais pas…
Elle me dit : « vous venez comme ça chez moi prendre mes affaires alors que je ne vous ai jamais vue et vous croyez vraiment que je vais vous le prêter ? »
A cet instant, j’ai vécu un tel contraste avec la bulle de joie dans laquelle j’étais juste avant, que ma sensibilité a encore frappé : et je me suis mise à pleurer ;
Et là cette femme qui était très agressive, et en protection me regarde et ne sait plus quoi faire de moi : elle a compris que je n’étais pas la grosse arnaqueuse pour laquelle elle m’avait prise au départ mais elle ne comprends pas très bien ce que je fais là ; et là, s’ouvre un échange encore un peu tendu, mais vraiment sincère ;
De mon côté je lui explique que je fais cela pour changer le monde (mais non ce n’est pas un énorme raccourci 😉) et là elle me confie ceci : lorsqu’elle était jeune, la première fois qu’elle a eu de l’argent à elle, une femme lui a demandé de le lui prêter pour l’aider… elle lui a fait confiance et elle ne les a jamais revus : ni la femme, ni l’argent. Et depuis ce jour-là, elle n’a plus jamais fait confiance à personne ;
Et ça, ça montre à quel point ce que l’on voit des personnes, ne correspond pas à ce qu’ils sont, ou ce qu’ils aimeraient vivre : mais aux protections qu’ils ont mis en place au fur et à mesure en se frottant à cette société à plein d’endroit si dure… Et que sans le vouloir, ils contribuent à cette violence.
Vous voulez peut-être savoir comment ça s’est terminé avec cette personne et son mari, qui d’ailleurs était lui toujours fermement décidé à me le prêter ? Et bien ça s’est fini autour de plusieurs apéros très sympas, après avoir effectivement utilisé son matériel et fait un don à une association de la somme que j’aurai dépensée pour le louer ; c’était son idée et j’ai adoré.
Et bien ça je sais que c’est aussi un coup de mon Rantanplan qui a des idées improbables, et qui a envie que j’essaie, que j’ose pour bouger les lignes de cette norme qui m’ennuie à mourir, et qui a mes yeux gâche notre beauté à plein d’endroits ; ces moments Rantanplan me valent souvent au départ un bel inconfort, puis, une fois dépassé, ils m’offrent des moments riches et improbables : comme je les aime.
Mon Rantanplan m’a apporté autre chose. Grace à lui j’ai réalisé que même si j’avais quitté cette grande entreprise pour créer ma propre aventure, et bien j’avais gardé un costard assez « Corporate » (au sens figuré, car je mets tout sauf des costards en savourant mes vêtements colorés) ;
Je vivais mon aventure professionnelle, avec une sorte de retenue, de sérieux. Et cette rencontre avec mon Rantanplan m’a fait instantanément casser cette cage invisible que je m’étais créée ; car si je vis cette aventure, c’est pour oser ce que j’ai envie d’oser et permettre aux personnes (et à moi la première) de me rencontrer vraiment.
Voilà qui est mon Rantanplan : il m’apporte ce courage de vivre sur ce chemin de l’improbable, de l’amour et de la confiance, dans la conscience totale que ce n’est pas le choix de tout le monde, et dans la conscience aussi que je suis loin d’être la seule à rêver de ce monde-là ;
Et vous ? quel est le personnage de fiction qui vous touche et en quoi parle-t-il du vrai vous ?