Vivre mes différences : épisode 9 – Vivre ma sensibilité

Août 18, 2022

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Vivre ma sensibilité n’a pas toujours été facile et fluide pour moi. Je suis d’abord passée par deux extrêmes : une mise à distance de ma sensibilité ou au contraire une sensibilité à fleur de peau ;

Cela a donné lieu à ces scènes assez cocasses, je le reconnais 😊

En voici une première :

Je suis en vacances avec des amis et il se trouve que je rentre un peu plus tôt de vacances que mon conjoint de l’époque le lendemain matin. Alors c’est notre dernier repas avec les amis ; il est possible que ce contexte ait joué sur ma sensibilité 😉  Je ne serais pas en train d’essayer de me rassurer par hasard 😊

Nous sommes en train de diner au restaurant et nous savourons une délicieuse soupe de poissons ; et là commence une conversation sur sa préparation. Vu les ingrédients qu’ils m’ont cités, je vais être sympa avec vous et je ne vais pas rentrer dans le détail 😉  Je déguste cette soupe de poisson, je me régale et plus on m’explique ce qu’il y a dedans et plus je sens ce plaisir de ma soupe diminuer à grand pas. Je leur demande donc d’arrêter, ce qu’ils ne font pas car ils trouvent cela très drôle. Ce qu’ils ne savent pas c’est qu’au fur et à mesure de leurs descriptions des ingrédients pas très ragoutants, je visualise chaque détail comme devant un film.

Et oui, à cette époque je n’avais pas du tout conscience de cette différence et que la capacité à visualiser dépend de chacun : pourtant c’est devenu évident pour moi depuis que nous sommes tous différents aussi dans nos aptitudes et nos talents 😉 et c’est bien pour cela que ça n’a pas de sens de se comparer !

Bref : revenons à la soupe de poisson ; à ce moment-là ce n’est pas très agréable de voir ce film se dérouler devant mes yeux ;

Et au bout d’un moment, la coupe est pleine, je n’en peux plus, et je me mets à pleurer devant mon bol de soupe de poissons en disant : arrêtez ! je visualise !

Comme j’étais avec des amis extrêmement proches j’ai juste eu le droit à ma petite BD humoristique pour illustrer la scène à la fin de la soirée 😉

Au final, je me rends compte que sans m’en rendre compte, j’avais pas mal planqué ma sensibilité et que des scènes comme celles-ci il n’y en a pas eu beaucoup.

En fait, ce n’est même pas que je l’avais planquée, c’est que je n’y avais plus accès : comme si j’accueillais le monde uniquement par la sphère du mental, qui observe et qui analyse.

Il faut dire aussi que pendant des années j’ai voulu avancer chaque jour avec un grand sourire pour faire honneur à la vie ; mais j’avais pris un raccourci : je n’avais plus accès à ce qui était moins confortable, plus fragile en moi.

Un jour, j’ai choisi de sortir du 100% mental pour me connecter à mon cœur même dans l’univers professionnel ;

Pourquoi ai-je fait ce choix ? Car je considère que c’est cette posture insensible adoptée par beaucoup, surtout les managers, qui sont source de souffrances, sans même qu’ils s’en rendent compte. Des souffrances ou tensions du quotidien pour ceux qui sont restés connectés à leur sensibilité ou des accidents de vie violents, comme le burn out par ceux qui ne sentaient rien, jusqu’au jour où leur cœur et leur corps ont décidé de reprendre le pouvoir sans prévenir…

Ce qui est sûr c’est que depuis que j’ai fait ce choix, j’ai l’impression de vivre pleinement grâce à de merveilleuses saveurs de la vie, de nouveaux accessibles ;

Or quand j’ai choisi de me reconnecter entièrement à moi, j’ai commencé par traverser le stock de remous accumulés depuis toutes ces années.

Je me souviens notamment d’une scène que je vais vous raconter pour vous montrer que quand on ose, on vit et survit à tout 😉

J’ai rejoint l’équipe des DRH en France, dans le groupe dans lequel je travaillais : mon but était d’expérimenter d’autres façons d’avancer en tant que manager avec ses équipes ;

Ce jour là je fais une intervention devant le comité DRH, donc devant tous mes collègues. Je parle de ce que je propose, qui permet au manager, et aux équipes d’avancer ensemble de façon beaucoup plus douce tout en étant efficace. Et je me rends compte qu’aucun d’entre eux ne prend le temps de s’offrir cela ; et là un sentiment de tristesse m’envahit et je me mets à pleurer.

Il y a quelques années, j’aurai retenu mes larmes. Aujourd’hui je le vivrai tout autrement aussi. A ce moment-là, je les sens monter et je n’ai pas envie de les retenir car une part de moi considère que cette vision des larmes comme un drame contribue à ce monde de robots froids et dangereux qui s’est construit pas à pas ; comme si dans cette société un burn out était plus habituel que des larmes.

Lors du déjeuner, je me sentais bien car j’avais laissé cette émotion s’exprimer, j’étais presque amusée d’avoir osé pleurer ; et je sentais l’énorme gène, voir inquiétude que cela a généré.

Voilà deux exemples, les plus marquants je pense, de ce que cette sensibilité m’a fait vivre ; et en même temps je me rends compte que cela parle d’avant ; avant que je me mette en mouvement en accueillant pleinement toutes les parts de moi y compris les plus vulnérables, et que j’en soigne certaines.

J’aimerais vous dire ce que j’en fait aujourd’hui de ma sensibilité.

Déjà, la première chose que j’ai découverte c’est que ma sensibilité n’était pas branchée au bon endroit ;

Dans ce deuxième exemple, je me rends compte aujourd’hui que je me suis connectée au ressenti potentiel d’autres personnes, sans savoir réellement comment eux le vivaient ; je considère aujourd’hui que cette sensibilité n’était pas adaptée.

Je me suis rendu compte depuis qu’il y avait une personne sur qui je me branchais peu finalement : moi. Or je suis la première personne à laquelle j’aurais dû me relier.

Alors j’ai remis les choses dans le bon ordre : cette sensibilité est tout d’abord connectée à moi, à mon être, à mon cœur, à mon corps. Elle veille à prendre soin de moi tous les jours. Cette sensibilité me permet aussi de ressentir, de façon extrêmement fine, lors de l’accompagnement des personnes, car à ce moment-là je suis au service de leur chemin.  Cela donne parfois lieu à des retours surpris des personnes qui se retrouvent pleinement dans les mots que je pose alors qu’eux même n’auraient pas pu le faire pour eux ;

Ma sensibilité s’exprime dans un cadre où la personne attend ça de moi, où la personne est prête à accueillir ça pour elle, pour lui permettre d’avancer sur le chemin qu’elle a choisit

J’aimerais refermer ce moment sur la sensibilité avec cette phrase qui me touche beaucoup. Car parfois je me dis que peut-être que beaucoup des violences de ce monde diminueraient fortement si chacun de nous, et notamment les hommes, s’autorisaient à pleurer ;

Une personne qui m’est très chère me l’a confiée en me disant : je me suis dit qu’elle te plairait ; et c’est le cas

La voici, et dans mon cœur elle s’applique aussi bien aux hommes qu’aux femmes et aux enfants : un homme qui pleure n’a pas à avoir honte contrairement à un homme qui fait pleurer

Et vous ? que faites-vous de votre sensibilité ?